mercredi 13 juin 2012

De l'idéologie chevaleresque


De son origine guerrière et de son évolution sociale, la chevalerie tire aussi d'autres valeurs, plus laïques. Elle honore en premier lieu les vertus militaires, la prouesse et la fidélité. Par prouesse, il faut entendre la qualité professionnelle du combattant à cheval, capable de beaux coups d'épée et de lance, mais aussi la hardiesse, le courage physique et moral, la maîtrise de soi, le triomphe de l'héroïsme sur la peur, etc. La fidélité ou loyauté traduit l'attachement profond qui lie le chevalier à son seigneur, qu'il le serve en tant que chevalier domestique, vassal, mercenaire ou sujet. Elle consiste à mettre son corps en aventure de mort, à supporter pour lui fatigue, froidure, chaleur, blessures. 
Deux autres qualités sont également prisées : la largesse et la courtoisie, valeurs typiquement aristocratiques, qui rendent compte de l'évolution sociale de la chevalerie à partir de la seconde moitié du XIIe siècle. 
La largesse est célébrée par les chevaliers qui en bénéficient mais aussi par les princes et les sires qui la leur dispensent. Elle consiste à leur fournir les ressources leur permettant de vivre dans leur état improductif, dans l'exercice d'une profession honorée mais coûteuse : altruisme, redistribution aux guerriers des richesses provenant le plus souvent du butin telles que chevaux, armes, fourrures, étoffes précieuses, mais aussi or et argent. Ces largesses réciproques à l'intérieur d'un même groupe dominant tissent des liens de solidarité, de dévouement, de confraternité au sein d'une chevalerie inégalitaire. Cependant, elles s'exercent à l'intérieur de la classe aristocratique et ne doivent pas être assimilées à ce que l'on nommera plus tard la charité, l'aumône, destinée aux pauvres, aux indigents, et donnée directement ou par l'intermédiaire de l'Église. La largesse devient chevaleresque au XIIIe siècle, lorsque noblesse et chevalerie viennent à se fondre. 
Il en va de même de la courtoisie, qui consiste à savoir se bien tenir à la cour seigneuriale ou princière, en se conformant à ses usages.