De son origine guerrière et de son évolution sociale, la
chevalerie tire aussi d'autres valeurs, plus laïques. Elle honore en premier
lieu les vertus militaires, la prouesse et la fidélité. Par
prouesse, il faut entendre la qualité professionnelle du combattant à cheval,
capable de beaux coups d'épée et de lance, mais aussi la hardiesse, le courage
physique et moral, la maîtrise de soi, le triomphe de l'héroïsme sur la peur,
etc. La fidélité ou loyauté traduit l'attachement profond qui lie le
chevalier à son seigneur, qu'il le serve en tant que chevalier domestique,
vassal, mercenaire ou sujet. Elle consiste à mettre son corps en aventure
de mort, à supporter pour lui fatigue, froidure, chaleur, blessures.
Deux autres qualités sont également prisées : la largesse et
la courtoisie, valeurs typiquement aristocratiques, qui rendent compte de
l'évolution sociale de la chevalerie à partir de la seconde moitié du XIIe siècle.
La largesse est célébrée par les chevaliers qui en
bénéficient mais aussi par les princes et les sires qui la leur dispensent.
Elle consiste à leur fournir les ressources leur permettant de vivre dans leur
état improductif, dans l'exercice d'une profession honorée mais coûteuse :
altruisme, redistribution aux guerriers des richesses provenant le plus souvent
du butin telles que chevaux, armes, fourrures, étoffes précieuses, mais aussi
or et argent. Ces largesses réciproques à l'intérieur d'un même groupe dominant
tissent des liens de solidarité, de dévouement, de confraternité au sein d'une
chevalerie inégalitaire. Cependant, elles s'exercent à l'intérieur de la classe
aristocratique et ne doivent pas être assimilées à ce que l'on nommera plus
tard la charité, l'aumône, destinée aux pauvres, aux indigents, et donnée
directement ou par l'intermédiaire de l'Église. La largesse devient
chevaleresque au XIIIe siècle, lorsque noblesse et chevalerie
viennent à se fondre.
Il en va de même de la courtoisie, qui consiste à savoir se
bien tenir à la cour seigneuriale ou princière, en se conformant à ses usages.