L'orée du Moyen-Âge est marquée
en France par la conversion du roi Clovis en 496. Comme chacun le sait, la
monarchie est désormais en lien étroit avec le clergé. Le règne se fait au nom
de Dieu, le bien-fondé par la foi chrétienne. La sexualité et les liens du
mariage sont définis par le clergé qui en fait une véritable mission. Les
conciles du Latran impose la chasteté avant le mariage, condamne le plaisir
sexuel en incluant les positions inutiles à la procréation. Très logiquement la
prostitution est totalement dénigrée et bannie. Les pratiques sexuelles
illégales ne disparaissent pas malgré les interdits et obligations de l'Église.
Loin d'être à l'abri des regards la prostitution est répandue dans toute la
France, non loin des offices des religieux et religieuses et appuyée par la
noblesse.
La prostitution apparait sous
différentes formes. La première distinction se fait entre les
"nomades" et les "sédentaires". Vient ensuite le type de
prostitution, en fonction des règles et du lieu ; quatre catégories ont été
déterminées [Lombroso et Ferrero] : la prostitution sacrée, la prostitution
hospitalière, la prostitution concubinaire et la prostitution civile.
La prostitution sacrée, née avec les convictions des nicolaïtes
ensuite unies aux gnostiques. Plusieurs sectes sont vouées au contentement de
la chair, avec comme raisonnement celui que Jésus en tant qu'incarnation du
Christ avait lui-même éprouver les voluptés du corps. Ainsi le malsain est dans
la condamnation du plaisir sexuel. En 1373, le mouvement des Turlupins refait
surface, en s'adonnant au plaisir de forniquer en public. Châtiés par l'Église qui les considère comme
hérétiques, ses pratiques ont tout de même perdurées jusqu'à la Révolution française.
La prostitution concubinaire concerne davantage les courtisanes que
les prostituées. En effet, ces femmes vivent dans un contexte de confort avec
un concubin et des rentes. Insérées au cœur de la cour des nobles ces femmes
sont difficilement différenciables des autres, ce qui n'empêche de connaitre
leur activité.
La prostitution hospitalière touche également la sphère de la
noblesse, elle est très peu pratiquée dans le monde rural. Elle concerne les
femmes servantes telles les soubrettes et domestiques qui pratiquent la prostitution
malgré leur volonté.
Pour finir, la prostitution civile, la plus complexe,
car elle se décline dans les couvents, les monastères, les abbayes et même dans
les domaines seigneuriaux. Les deux sexes sont représentés dans des bordels
plus ou moins dissimulés. Que ce soit pour une "offrande" ou contre
un échange de service ou produit ; pour échapper aux foudres divines ou amasser
de l'argent en vue de sortir de la pauvreté : la prostitution abonde sous
toutes les formes.
Au moyen-âge, les prostituées
sont en grande majorité des femmes. Pourtant la prostitution masculine existe
déjà mais obligatoirement en cachette en raison de sévères discriminations et
condamnations par l'Église.