mercredi 13 juin 2012

Les catins médiévales – Tome I


L'orée du Moyen-Âge est marquée en France par la conversion du roi Clovis en 496. Comme chacun le sait, la monarchie est désormais en lien étroit avec le clergé. Le règne se fait au nom de Dieu, le bien-fondé par la foi chrétienne. La sexualité et les liens du mariage sont définis par le clergé qui en fait une véritable mission. Les conciles du Latran impose la chasteté avant le mariage, condamne le plaisir sexuel en incluant les positions inutiles à la procréation. Très logiquement la prostitution est totalement dénigrée et bannie. Les pratiques sexuelles illégales ne disparaissent pas malgré les interdits et obligations de l'Église. Loin d'être à l'abri des regards la prostitution est répandue dans toute la France, non loin des offices des religieux et religieuses et appuyée par la noblesse.

La prostitution apparait sous différentes formes. La première distinction se fait entre les "nomades" et les "sédentaires". Vient ensuite le type de prostitution, en fonction des règles et du lieu ; quatre catégories ont été déterminées [Lombroso et Ferrero] : la prostitution sacrée, la prostitution hospitalière, la prostitution concubinaire et la prostitution civile.
La prostitution sacrée, née avec les convictions des nicolaïtes ensuite unies aux gnostiques. Plusieurs sectes sont vouées au contentement de la chair, avec comme raisonnement celui que Jésus en tant qu'incarnation du Christ avait lui-même éprouver les voluptés du corps. Ainsi le malsain est dans la condamnation du plaisir sexuel. En 1373, le mouvement des Turlupins refait surface, en s'adonnant au plaisir de forniquer en public.  Châtiés par l'Église qui les considère comme hérétiques, ses pratiques ont tout de même perdurées jusqu'à la Révolution française.
La prostitution concubinaire concerne davantage les courtisanes que les prostituées. En effet, ces femmes vivent dans un contexte de confort avec un concubin et des rentes. Insérées au cœur de la cour des nobles ces femmes sont difficilement différenciables des autres, ce qui n'empêche de connaitre leur activité.
La prostitution hospitalière touche également la sphère de la noblesse, elle est très peu pratiquée dans le monde rural. Elle concerne les femmes servantes telles les soubrettes et domestiques qui pratiquent la prostitution malgré leur volonté.
Pour finir, la prostitution civile, la plus complexe, car elle se décline dans les couvents, les monastères, les abbayes et même dans les domaines seigneuriaux. Les deux sexes sont représentés dans des bordels plus ou moins dissimulés. Que ce soit pour une "offrande" ou contre un échange de service ou produit ; pour échapper aux foudres divines ou amasser de l'argent en vue de sortir de la pauvreté : la prostitution abonde sous toutes les formes.

Au moyen-âge, les prostituées sont en grande majorité des femmes. Pourtant la prostitution masculine existe déjà mais obligatoirement en cachette en raison de sévères discriminations et condamnations par l'Église.