À l'époque
médiévale, l'âge moyen du mariage est de 21 ans pour les femmes et 25 pour les
hommes. Dès 16 ans les hommes peuvent fréquenter des prostituées, métier comme
un autre.
Certes c'est un
métier dégradant mais pas malhonnête. Les prostituées ont le droit de s’établir
en guildes et paient un impôt. Elles n’ont pas le droit de résider en dehors de
leur maison de passe et doivent se tenir aux derniers rangs dans les églises
voire même sur le parvis. Il est
interdit aux filles de faire du racolage dans la rue.
Une prostituée prise en
flagrant délit de racolage est condamnée aux peines suivantes :
- Amende : 8 pièces d’or
- Peine afflictive : 20 coups de fouet ou de
verge
- Peine ignominieuse : son patron la porte
nue sur ses épaules, du lieu de résidence au pilori. Elle y est attachée puis fouettée
sur la place publique.
- Peine administrative : bannissement de la
ville pour une durée allant de 3 mois à perpétuité.
- Récidive : la prostituée est marquée au fer
rouge de la lettre P sur l’épaule puis sur le front à la seconde récidive avec bannissement
perpétuel. Une ultime récidive la conduit à la peine capitale.
Les filles de joie racolent quasiment partout : bains
publics, bois, buissons, ruelles réservées, cours des nantis et autres endroits
insolites.
La seule prostitution légale est la prostitution publique : prostibulum
publicum. Elle
se déroule dans des établissements construits et entretenus par les autorités
publiques de la ville. Ces
bordels municipaux, appelés bourdeaux ou bons hostels. L’établissement est tenu
par une abbesse ou un tenancier qui paie un bail aux autorités et, encaisse le tiers des gains des filles en
échange de leur pension. À cette période on ne parle pas de maisons closes car les filles
sortent pour racoler, festoient au rez-de-chaussée avant de s’ébattre dans les
chambres à l’étage. Il ne s'agit pas vraiment non plus de lupanar.
Le terme lupanar
vient de "louves dévoreuses" car loup en latin se dit lupus. La
maison de passe est une invention romaine. En 180 av JC, le consul Marcus édicte
la loi du permis de stupre (de licensia stupri), c’est à dire le droit de tenir
un commerce de prostitution en employant des esclaves fichées et enregistrées
auprès des autorités. Le patron (le lenon) doit être le propriétaire de
l’immeuble et des femmes.
Dans tous les cas les
femmes qui vendent leur corps doivent respecter
un règlement. Des officiers de la ville se chargent de le faire
respecter et d’enregistrer les filles. Le règlement change selon les villes et
les autorités laïques ou religieuses. Quelques exemples :
- prêter serments aux autorités
- payer le loyer toutes les semaines
- participer aux dépenses de chauffage
- verser quelques blancs (monnaie) au guet de nuit qui les protège
- repousser les fils trop jeunes et hommes mariés. Il y a cependant une grande tolérance.
- ne pas coucher à deux avec une personne (mais peuvent coucher avec plusieurs s’ils ne sont pas parents)
Les
petits bordelages sont des établissements privés, des hôtels où les filles travaillent à
l’occasion. Le racolage est nécessaire mais dangereux. L’établissement est tenu
par une maquerelle. Cela lui permet d’arrondir les fins de mois. Elle peut être
une entremetteuse de rendez-vous galants, peut fournir des jeunes aux plus
nobles. Elles recueillent les victimes d’agression et devient des confidentes.
La
prostitution libérale concernent les filles qui travaillent pour leur propre compte,
elles vont d’hôtel en hôtel ou possèdent leur propre chambre.
Ces femmes deviennent
petit à petit des courtisanes :
prostituée de luxe, maîtresse de riches marchands ou notables. Les courtisanes
deviennent réellement importantes à la fin du XVème siècle.