mercredi 27 juin 2012

Expression "Aller où le vent me porte"


Cette expression est née d'une habitude qui tenait d'une croyance du Moyen-Age. Ceux qui étaient perdus sur la route, sans projets ou qui ne savaient quelle direction prendre à un carrefour... tiraient un oracle pour se décider. Il s'agissait simplement de prendre une plume, de souffler dessus et de laisser le sort choisir et d'aller dans le sens indiqué par le vent !
De là l'expression ainsi que de nombreuses histoires et contes dont un des plus connus est "Les trois plumes", rapporté par les frères Grimm mais qui existe en de multiples versions en Europe (du nord ou du sud) ou en Russie. Selon certaines variantes, les plumes pouvaient être remplacées par des balles, des pommes qui roulent, des flèches tirées etc... 
Aujourd'hui cela signifie se diriger au gré du hasard et des opportunités que ce soit pour sa vie ou pour le choix d'une promenade.


mercredi 20 juin 2012

En mon for intérieur...


Expression " For intérieur"... 

Le for est issu de forum au début du XVIIème siècle, avec la dernière acception citée, en ne s'appliquant d'abord qu'aux tribunaux de l'Église (juridiction ecclésiastique). 
Quant au for intérieur aussi appelé for de la conscience, il désignait à l'époque ce qu'on appelait le tribunal intime de la conscience, chacun jugeant en secret ses actes selon ce que lui dictait sa conscience. C'est à partir du XVIIIème siècle que le for extérieur, locution maintenant désuète, a qualifié la juridiction civile, le for intérieur gardant son sens précédent.

Aujourd'hui, le mot for ne s'emploie plus que dans cette tournure pour évoquer la conscience réflexive qui signifie "dans le secret de sa pensée", "au fond de soi", sans être obligatoirement associé à une notion de jugement.


mercredi 13 juin 2012

De l'idéologie chevaleresque


De son origine guerrière et de son évolution sociale, la chevalerie tire aussi d'autres valeurs, plus laïques. Elle honore en premier lieu les vertus militaires, la prouesse et la fidélité. Par prouesse, il faut entendre la qualité professionnelle du combattant à cheval, capable de beaux coups d'épée et de lance, mais aussi la hardiesse, le courage physique et moral, la maîtrise de soi, le triomphe de l'héroïsme sur la peur, etc. La fidélité ou loyauté traduit l'attachement profond qui lie le chevalier à son seigneur, qu'il le serve en tant que chevalier domestique, vassal, mercenaire ou sujet. Elle consiste à mettre son corps en aventure de mort, à supporter pour lui fatigue, froidure, chaleur, blessures. 
Deux autres qualités sont également prisées : la largesse et la courtoisie, valeurs typiquement aristocratiques, qui rendent compte de l'évolution sociale de la chevalerie à partir de la seconde moitié du XIIe siècle. 
La largesse est célébrée par les chevaliers qui en bénéficient mais aussi par les princes et les sires qui la leur dispensent. Elle consiste à leur fournir les ressources leur permettant de vivre dans leur état improductif, dans l'exercice d'une profession honorée mais coûteuse : altruisme, redistribution aux guerriers des richesses provenant le plus souvent du butin telles que chevaux, armes, fourrures, étoffes précieuses, mais aussi or et argent. Ces largesses réciproques à l'intérieur d'un même groupe dominant tissent des liens de solidarité, de dévouement, de confraternité au sein d'une chevalerie inégalitaire. Cependant, elles s'exercent à l'intérieur de la classe aristocratique et ne doivent pas être assimilées à ce que l'on nommera plus tard la charité, l'aumône, destinée aux pauvres, aux indigents, et donnée directement ou par l'intermédiaire de l'Église. La largesse devient chevaleresque au XIIIe siècle, lorsque noblesse et chevalerie viennent à se fondre. 
Il en va de même de la courtoisie, qui consiste à savoir se bien tenir à la cour seigneuriale ou princière, en se conformant à ses usages. 


Les catins médiévales – Tome I


L'orée du Moyen-Âge est marquée en France par la conversion du roi Clovis en 496. Comme chacun le sait, la monarchie est désormais en lien étroit avec le clergé. Le règne se fait au nom de Dieu, le bien-fondé par la foi chrétienne. La sexualité et les liens du mariage sont définis par le clergé qui en fait une véritable mission. Les conciles du Latran impose la chasteté avant le mariage, condamne le plaisir sexuel en incluant les positions inutiles à la procréation. Très logiquement la prostitution est totalement dénigrée et bannie. Les pratiques sexuelles illégales ne disparaissent pas malgré les interdits et obligations de l'Église. Loin d'être à l'abri des regards la prostitution est répandue dans toute la France, non loin des offices des religieux et religieuses et appuyée par la noblesse.

La prostitution apparait sous différentes formes. La première distinction se fait entre les "nomades" et les "sédentaires". Vient ensuite le type de prostitution, en fonction des règles et du lieu ; quatre catégories ont été déterminées [Lombroso et Ferrero] : la prostitution sacrée, la prostitution hospitalière, la prostitution concubinaire et la prostitution civile.
La prostitution sacrée, née avec les convictions des nicolaïtes ensuite unies aux gnostiques. Plusieurs sectes sont vouées au contentement de la chair, avec comme raisonnement celui que Jésus en tant qu'incarnation du Christ avait lui-même éprouver les voluptés du corps. Ainsi le malsain est dans la condamnation du plaisir sexuel. En 1373, le mouvement des Turlupins refait surface, en s'adonnant au plaisir de forniquer en public.  Châtiés par l'Église qui les considère comme hérétiques, ses pratiques ont tout de même perdurées jusqu'à la Révolution française.
La prostitution concubinaire concerne davantage les courtisanes que les prostituées. En effet, ces femmes vivent dans un contexte de confort avec un concubin et des rentes. Insérées au cœur de la cour des nobles ces femmes sont difficilement différenciables des autres, ce qui n'empêche de connaitre leur activité.
La prostitution hospitalière touche également la sphère de la noblesse, elle est très peu pratiquée dans le monde rural. Elle concerne les femmes servantes telles les soubrettes et domestiques qui pratiquent la prostitution malgré leur volonté.
Pour finir, la prostitution civile, la plus complexe, car elle se décline dans les couvents, les monastères, les abbayes et même dans les domaines seigneuriaux. Les deux sexes sont représentés dans des bordels plus ou moins dissimulés. Que ce soit pour une "offrande" ou contre un échange de service ou produit ; pour échapper aux foudres divines ou amasser de l'argent en vue de sortir de la pauvreté : la prostitution abonde sous toutes les formes.

Au moyen-âge, les prostituées sont en grande majorité des femmes. Pourtant la prostitution masculine existe déjà mais obligatoirement en cachette en raison de sévères discriminations et condamnations par l'Église.

Les catins médiévales – Tome II


À l'époque médiévale, l'âge moyen du mariage est de 21 ans pour les femmes et 25 pour les hommes. Dès 16 ans les hommes peuvent fréquenter des prostituées, métier comme un autre.
Certes c'est un métier dégradant mais pas malhonnête. Les prostituées ont le droit de s’établir en guildes et paient un impôt. Elles n’ont pas le droit de résider en dehors de leur maison de passe et doivent se tenir aux derniers rangs dans les églises voire même sur le parvis.  Il est interdit aux filles de faire du racolage dans la rue. 
Une prostituée prise en flagrant délit de racolage est condamnée aux peines suivantes :
-  Amende : 8 pièces d’or
-  Peine afflictive : 20 coups de fouet ou de verge
Peine ignominieuse : son patron la porte nue sur ses épaules, du lieu de résidence au pilori. Elle y est attachée puis fouettée sur la place publique.
-  Peine administrative : bannissement de la ville pour une durée allant de 3 mois à perpétuité.
Récidive : la prostituée est marquée au fer rouge de la lettre P sur l’épaule puis sur le front à la seconde récidive avec bannissement perpétuel. Une ultime récidive la conduit à la peine capitale.
Les filles de joie racolent quasiment partout : bains publics, bois, buissons, ruelles réservées, cours des nantis et autres endroits insolites. 
La seule prostitution légale est la prostitution publique : prostibulum publicum. Elle se déroule dans des établissements construits et entretenus par les autorités publiques de la ville. Ces bordels municipaux, appelés bourdeaux ou bons hostels. L’établissement est tenu par une abbesse ou un tenancier qui paie un bail aux autorités et, encaisse le tiers des gains des filles en échange de leur pension. À cette période on ne parle pas de maisons closes car les filles sortent pour racoler, festoient au rez-de-chaussée avant de s’ébattre dans les chambres à l’étage. Il ne s'agit pas vraiment non plus de lupanar.

Le terme lupanar vient de "louves dévoreuses" car loup en latin se dit lupus. La maison de passe est une invention romaine. En 180 av JC, le consul Marcus édicte la loi du permis de stupre (de licensia stupri), c’est à dire le droit de tenir un commerce de prostitution en employant des esclaves fichées et enregistrées auprès des autorités. Le patron (le lenon) doit être le propriétaire de l’immeuble et des femmes.
Dans tous les cas les femmes qui vendent leur corps doivent respecter un règlement. Des officiers de la ville se chargent de le faire respecter et d’enregistrer les filles. Le règlement change selon les villes et les autorités laïques ou religieuses. Quelques exemples :
  • prêter serments aux autorités
  • payer le loyer toutes les semaines
  • participer aux dépenses de chauffage 
  • verser quelques blancs (monnaie) au guet de nuit qui les protège
  • repousser les fils trop jeunes et hommes mariés. Il y a cependant une grande tolérance.
  • ne pas coucher à deux avec une personne (mais peuvent coucher avec plusieurs s’ils ne sont pas parents)
Les étuves ne sont pas réellement des lieux de prostitution. D’ailleurs, il existe un décret l’interdisant. Pourtant la fornication tient une place très importante, à l’abri des regards. Comme les hommes mariés ne peuvent pas se laisser aller au prostibulum, ils profitent de la tolérance des étuves. Il s’agit d’une prostitution non institutionnalisée.
Les petits bordelages sont des établissements privés, des hôtels où les filles travaillent à l’occasion. Le racolage est nécessaire mais dangereux. L’établissement est tenu par une maquerelle. Cela lui permet d’arrondir les fins de mois. Elle peut être une entremetteuse de rendez-vous galants, peut fournir des jeunes aux plus nobles. Elles recueillent les victimes d’agression et devient des confidentes.

La prostitution libérale concernent les filles qui travaillent pour leur propre compte, elles vont d’hôtel en hôtel ou possèdent leur propre chambre.
Ces femmes deviennent petit à petit des courtisanes : prostituée de luxe, maîtresse de riches marchands ou notables. Les courtisanes deviennent réellement importantes à la fin du XVème siècle.